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Ernest Fortier

mercredi 3 août 2011, par Stéphane

ERNEST CHRICTOT-FORTIER ET LA NOUVELLE MAIRIE DE VILLIERS-sur-LOIR

Le 31 août 1862 était inaugurée la nouvelle mairie de notre commune.

Le 10 avril 2010, étaient inaugurés de nouveaux aménagements importants dont la presse locale a rendu compte.

Une petite exposition préparée par notre ami Michel RENVOIZÉ donnait aux visiteurs quelques éléments d’information sur le transfert de l’ancienne marie située à l’angle de l’avenue du 11 novembre et de la ruelle Bûcheron et la construction de ce beau et élégant pavillon au centre du village, juste en face de la rue Basse, dans la perspective du château de l’ancien seigneur, le marquis de Rochambeau.

Nous voulons aujourd’hui vous offrir un bref aperçu sur ce qui est l’aspect le plus original de l’histoire de notre maison commune. Des nouvelles mairies fonctionnelles il y en eut un grand nombre au XIX° siècle mais dans ces conditions là, fort peu voire aucune ! En effet la mairie de Villiers inaugurée en 1862 est due uniquement à la générosité d’un de nos concitoyens : ce qui est en France un cas rarissime, voire totalement unique ! Les contribuables de l’époque n’ont pas eu à participer aux frais de cette construction neuve ! Un seul habitant l’a fait à leur place et a investi la somme considérable de 24 500 francs dans cette opération.

Ce concitoyen c’est Ernest FORTIER, de son vrai nom Ernest CHRICTOT. C’est un enfant naturel, né hors mariage le 15 décembre 1822. Sa mère Marie Angélique CHRICTOT (ou « Chriquetot » selon l’acte passé à Evreux) se marie quand il a 8 ans avec Jean Antoine FORTIER…qui n’est autre que son beau-frère puisqu’il est veuf de sa sœur Madeleine. FORTIER était il le père d’Ernest CHRICTOT ? Rien ne le prouve… mais rien n’interdit de l’imaginer ! Jean Antoine FORTIER adoptera un peu plus tard un autre enfant de Marie Angélique, un demi-frère de notre futur concitoyen Ernest FORTIER. Cette histoire un peu embrouillée pour expliquer le destin tout aussi compliqué de ce personnage curieux qu’est Ernest Fortier.

En tout cas, le voilà qui quitte Evreux et Paris pour le Vendômois en achetant en 1854, le « Clos Hennequin », actuelles écoles de Villiers et jolie closerie de l’époque. Il est riche grâce à la générosité de son beau-père Fortier, dont il adopte désormais le nom. En effet en 1845, Ernest reçoit de son beau-père, mari de sa mère, la coquette somme de 100 000 francs ! C’est grâce à cet argent qu’il pourra se montrer généreux avec sa nouvelle commune de résidence et en devenir le maire durant 17 ans quasi sans interruption ! C’était bien le moins que l’on puisse faire pour le remercier de cette action insolite et généreuse.

Il avait commencé sa carrière politique en étant simple conseiller municipal en 1858, puis maire en 1865, 3 ans après l’inauguration. Il survécut à la chute de Napoléon III et conserve son mandat jusqu’en 1882 au moment où les clivages politiques deviennent féroces. Mal réélu par 6 voix seulement, il refuse le poste de maire et ouvre une crise de succession qui dure toute l’année, laissant Villiers sans maire officiel. On devine que derrière cette crise racontée en détails par Henri MÉSANGE dans son livre, se cachent de furieuses divergences et oppositions politiques ou de personnes à même de décourager un homme aussi généreux que Fortier.

Il est néanmoins encore conseiller municipal de Villiers entre 1882 et 1888, mais en même temps conseiller général de Selommes élu en 1880. Il finit par quitter la région vers 1890, ruiné, pour aller terminer ses jours à Montpellier en 1893 en qualité d’entreposeur des tabacs. Ce n’est certainement pas sans regrets et amertume qu’il abandonna notre Vendômois : il y avait fondé sa famille en épousant la belle-fille du Directeur du Moulin à papier de Naveil. Ce fut d’ailleurs lui qui inaugura la nouvelle mairie en 1862 pour ce beau mariage : on imagine aisément sa joie de riche notable, heureux de la belle réalisation qu’il venait d’offrir à ce village de vignerons reconnaissants qui allaient le laisser à la tête de la commune près de 20 ans !

Quoiqu’il en soit, il nous aura laissé un bel édifice, d’une forme architecturale bien classique avant d’être orné ou défiguré (à vous de choisir !) en 1905 par l’adjonction d’un campanile imposant et quelque peu écrasant avec son énorme cadran. C’était le temps des querelles de cloches entre maire et curé… mais cela est une autre histoire !